Rencontre avec celui qui s’est senti appelé à être « le pompier des âmes ».
Comment le Seigneur a-t-il fait naître en vous le désir d’être prêtre ?
Au lycée, je rêvais d’être père de famille et d’avoir un métier exigeant, tourné vers les autres. Le Sacerdoce me semblait trop restreint à une paroisse. J’avais de grands désirs de missions, d’aventures, avec une vie de sacrifices et de services. Progressivement, le métier de sapeur-pompier s’est révélé à moi. Une vocation risquée mais belle, au service de mon prochain, en vivant une fraternité de corps pour se soutenir dans les interventions difficiles. Engagé à la caserne de Versailles, je me suis formé pour être opérationnel : ce fut un temps éprouvant car j’ai vu la misère de personnes malades, blessées, âgées, isolées. J’y ai été profondément marqué par la détresse rencontrée : accidents, suicides, interventions dans les banlieues… Par-delà la vocation de "sauveteur", j’ai progressivement ressenti un appel particulier à travers tous ces visages, que je ne peux oublier encore aujourd’hui : celui d’une seule et unique personne qui me criait silencieusement "Je suis celui que tu cherches." Un matin, après une garde de nuit, je suis entré dans la cathédrale, saisi par une conviction intérieure : « Et si Jésus m’appelait à lui consacrer toute ma vie pour devenir pompier des âmes ? » C’est là que mon discernement a commencé, je suis entré au séminaire pour le poursuivre et me former.
Pourquoi avez-vous souhaité être incardiné dans les diocèses de Savoie ?
Depuis 20 ans, ma famille a une maison à Naves, en Tarentaise, et mes attaches en Savoie remontent à l’enfance, dans le Beaufortain. Après avoir suivi mon séminaire en Mayenne avec la Communauté Saint-Martin, j’ai discerné l’appel à devenir prêtre diocésain, dans un territoire rural. C’est naturellement que je me suis orienté vers les diocèses de Savoie et demandé à notre évêque une incardination. Je le remercie de son accueil et suis heureux de ce nouveau chemin afin de mieux servir. C’est un choix du cœur, spirituel mais aussi très humain : j’aime ce territoire, ses habitants, sa culture, et je choisis (humblement) aujourd’hui de consacrer ma vie pour servir ce que j’aime ! Le dynamisme que je perçois ici — les catéchumènes, les familles, les jeunes, les chrétiens engagés — me stimule et m’enthousiasme.
Quels sont les défis et les joies que vous percevez dans ton futur ministère ?
Les catéchumènes d’abord : ils sont nombreux et ont une grande soif. Je cherche du mieux possible à me former et à aider les autres chrétiens à bien les accompagner. Ensuite, les jeunes : beaucoup sont fragilisés par des familles éprouvées, ainsi que par les tensions de la société et des médias. Des lieux comme les patronages, les aumôneries, le scoutisme peuvent être des pastorales précieuses. Enfin, les personnes âgées isolées : mon expérience de pompier m’a fait prendre conscience que dans les villages, les maisons aux volets fermées ne sont pas le signe qu’elles ne sont pas habitées : une grande partie de notre population est cachée, abandonnée, isolée. Il y a un vrai défi à ce que comme chrétiens nous y soyons sensibles et actifs, car la société semble les oublier.
Une figure de sainteté qui vous inspire ?
Les douze apôtres ! Ils sont pour moi les modèles les plus réels : imparfaits, mais transformés par le Christ. J’aime contempler leurs trois années de formation avec Jésus, comme disciples-missionnaires, car ce fut exigeant, long, mais fructueux. J’apprécie en particulier la série The Chosen, qui fidèlement à l’évangile, révèle bien la longue pédagogie de Jésus pour les préparer. En fraternité et avec humilité, patience, joie et force d’âme ils se sont laissés formés pour accomplir leur vocation d’apôtres, devenant d’authentiques témoins du Christ. De vrais modèles pour nous tous ! En particulier mon saint patron Simon-Pierre, à qui je confie tous les savoyards et leurs intentions de prière !