Jacques Plassiard
Tourné vers le ciel et les cimes
Jacques Plassiard est un prêtre passionné de montagne : grimpeur, skieur et cristallier, il a été bénévole dans l’organisation de la Pierra Menta, la célèbre course de ski alpinisme. Retraité en service dans la région de Bourg Saint Maurice, il incarne cette figure de prêtre montagnard, passeur pour les jeunes générations.
"Depuis de nombreuses années je pratique des activités liées à la montagne. L’alpinisme, le ski-alpinisme sont plus qu’un sport… On est dans la nature et c’est différent d’un stade où l’on peut dire stop et se mettre sur la touche. Des lieux où on apprend à devenir responsable de son existence et de celle des autres. La vie est bien entre la main de Dieu mais dépend aussi de la nôtre. Là, j’ai grandi en connaissance du milieu, en assurance, en liens humains. Avec les jeunes ados tout au long de mon itinéraire et la joie d’initier, de transmettre. Avec des personnes qui ont la même passion, de tous âges, on se retrouve sur les lignes de crête des expériences humaines. La participation à la Pierra Menta (je suis croyant non pratiquant pour la compétition… mais bénévole !) m’a fait toucher du doigt cette réalité d’une organisation de course et de la vie des athlètes. J’y ai vu la beauté des gestes et certains enjeux.
Après le sport il y a une autre vie : chaque personne est riche d’une histoire humaine variée. Gagner n’est pas qu’avec ses jambes pour un chrono, c’est avec son coeur et dans le coeur des autres… concurrents mais pas adversaires, où le dernier n’est pas n’importe qui. Évasion… découverte… étonnement… dépassement… relations… transmission… création : tant de choses à dire en peu de mots !"
Soeur Renata Miszczuk
« Un esprit saint dans un corps sain »
Religieuse et sportive : ça existe ! En plus de ses missions de responsable de la pastorale des jeunes et des vocations, et de supérieure de sa communauté, il n’est pas rare de voir Sœur Renata sur des skis, un sentier ou à vélo.
"J’ai commencé la course à pied à 7 ans et au collège-lycée, je faisais de la course d’orientation en niveau compétition. J’ai toujours fait de la montagne, de la natation et du vélo. Quand je suis devenue religieuse, c’est donc assez naturellement que j’ai organisé des sorties et des camps en montagne pour les jeunes.
Ici en Savoie, j’accompagne les rando frassati, 1 fois par mois. En marchant, les jeunes s’ouvrent beaucoup plus facilement. On vit quelque chose ensemble : même sentier, même but, même fatigue. J’aime beaucoup arriver au sommet et assister à la messe. C’est magnifique. Quand je fais de la petite randonnée, je suis en habit religieux. Pour la moyenne et haute montagne, j’ai vite compris que l’habit n’était pas très pratique (rires) ! Mais je porte une grande croix, les gens me questionnent. J’ai fait des rencontres extraordinaires. Certains sont restés des amis. Sur les télésièges, on me confie des intentions de prière. Il n’est pas rare aussi que les gens me disent : « Une religieuse ? Ça existe encore ? ! Alors une religieuse qui fait du ski, vous pensez… ! »
Ce n’est pas toujours évident de tout combiner et de dégager du temps pour faire du sport. Mais les sœurs de ma communauté savent que c’est nécessaire à mon équilibre de vie. Il y a beaucoup de belles valeurs dans le sport : la persévérance et la détermination, l’esprit d’équipe, le dépassement de soi, mais surtout l’humilité. Il faut savoir renoncer à une ascension pour cause de mauvais temps. C’est une vertu que je dois travailler (rires) : ça tombe bien, c’est la vertu qui doit caractériser chaque sœur de ma congrégation, les Ursulines du Coeur de Jésus !"
Père Geoffroy Genin
La foi en mouvement
Pour le père Geoffroy, curé de paroisses en Haute Maurienne, le sport est avant tout un moyen de rentrer en relation avec les autres.
"Bouger, c’est vivre. J’ai un corps qui vit, qui peut sauter, courir, grimper. Je suis incarné. J’ai pratiqué le 400m haies, beaucoup de ski et de la grimpe, mais jamais à haut niveau. Les vrais sportifs disent que le sport permet de se dépasser soi-même. Pour moi, c’est avant tout une source de joie et de plaisir. Quand on marche en montagne, la tête est libre. Nous prenons le temps de penser, d’écouter et de parler. Avec des personnes très différentes, des discussions se créent : intimité des grands espaces. Pendant les randonnées, chacun peut poser son fardeau. Tout en étant mobile et actif, cela offre une bonne disponibilité. Humainement, c’est un vrai compagnonnage.
Avec le sport, j’ai appris à recommencer : si ça ne marche pas, il faut recommencer encore et encore. Dans la vie paroissiale, il s’agit aussi de ne pas laisser tomber et de recommencer. En pratiquant une activité physique, je me fais plaisir, et cela se voit. La joie est contagieuse, elle invite les gens à goûter à ce plaisir. C’est pareil dans ma vie de prêtre, je prends plaisir à annoncer la bonne nouvelle, et cela transparaît - paraît-il ! Beaucoup ont envie de goûter, eux aussi, au plaisir de la Bonne Nouvelle ! À l’inverse, la performance sportive peut écraser les autres, en les laissant toujours en arrière. En tant que prêtre, je veille à inviter les autres à faire un pas de plus. Je suis plus « entraineur » que « compétiteur ».
En sport, je ne suis pas très sérieux. Que ce soit en grimpe ou en parapente, sur la neige ou en vélo, je prends des risques. Le risque me semble être un bon maître. Il enseigne notre fragilité, révèle nos capacités, associe la pensée et le corps. Dans mes prêches, je prends des risques aussi. J’ose des paroles inhabituelles, qui frottent. J’interroge beaucoup la foi, c’est ainsi que j’avance. Notre corps a besoin de souffler. Notre âme aussi. Avec le temps, j’ai appris à dire non, ce qui permet d’avoir un bon équilibre de vie. Je suis un prêtre, pas un ange ! Un homme, non un pur esprit !
Le sport permet de rejoindre les gens comme ils sont. Tous les ans, en juillet, nous bénissons les cyclistes et leur vélo au col de l’Iseran. Nous parlons français, italien… Peu se disent croyants, tous sont poussés par plus fort qu’eux. En hiver, il m’arrive de faire des confessions télésièges. La veille, j’annonce à la messe où seront les confessions. En montant en télésiège, je confesse, et en redescendant à ski, nous chantons louange et gloire à Dieu. Il y a vraiment de quoi louer à ce moment-là. Joie incarnée !"